27.3.09

Only lovers left alive


- Je t'aime.
- Moi aussi.
- Pourquoi tu me tapes ?
- Je ne sais pas...
- Ah ok. Et sinon ?
- Rien, chut.
- Ok...
- Je veux dormir, dormir plutôt que vivre.
- Dormir, mourir, peut-être rêver...
- Je suis triste.
- Je suis triste aussi.
- Et malheureuse.
- Moi je me rappelle de toi avec tes petits sourires d'amour, tes petites photos, tes mains froides sur moi...
- Et tu es malheureux ?
- Oui, que l'on ait pas réussi à garder tout ça.
- Pourtant, j'ai toujours les mains froides.
- Et moi je t'aime toujours autant, voire plus.
- Et pourtant tu es malheureux.
- Oui, car tu ne me regardes pas.
- Maintenant, tu veux dire ?
- Oui. Et aussi car je passe ma vie à côté de toi, dans tes épreuves je suis là, et tu ignores les miennes.
- C'est involontaire... et j'en suis désolée, même si ça ne change rien.
- J'ai aimé te faire jouir tout à l'heure.
- Moi aussi. Mais j'ai besoin d'un mouchoir.
- Je n'en ai pas.
- Alors je veux dormir, dormir plutôt que vivre.
- Prends d'abord le temps de me voir vivre, moi.
- Je suis sûrement trop égoïste, en plus de tout le reste.
- Il n'y a rien d'autre.
- Si, je te rend malheureux.
- C'est ton égoïsme qui me rend malheureux, pas toi.
- C'est ma nature, aussi mauvaise soit elle... j'aimerais savoir quoi faire.
- Te forcer à me voir, à écouter ce que je dis.
- J'aimerais savoir ce qu'on devrait faire.
- Je pense qu'on devrait juste continuer à s'aimer.
- Je pense aussi.

22.2.09

As tears go by


La bouche ne fait que respirer les battements de mon cœur sans bruit qui tricote comme un fil et une aiguille un semblant de vie encore fumant une existence peu palpitante au final je sais que je ne suis rien et pourtant je suis remplie de joie peine et autres élans qui me portent de jour en jour je me demande souvent au final pourquoi je suis ici a faire quoi pour qui pour quoi mais je ne trouve jamais réponse et c’est triste au final de vivre sans but ni horizon sans idée ni envie juste parce qu’il faut vivre et pourtant la vie n’a rien de triste alors que faire quand même quand tout va bien on ne peut s’empêcher de ressentir ce spleen baudelairien qui martèle le cœur et aiguise la chair le soir sur les coups de 23h42 quand tout est noir et que dans la rue seules les fumées provenant des cheminées voisines se font sentir alors que faire pour ne pas succomber à dame mélancolie qui dans les méandres nocturnes vient frapper ses trois coups à la porte et force l’entrée de votre cœur pour ensuite ne jamais plus en ressortir que faire de cette tristesse chronique puisque rien ne semble faire effet l’alcool les drogues n’ont même plus le goût que je recherche alors que faire quand tout même les arômes n’ont plus de saveur et voilà que maintenant il pleut et les gouttes de pluie sur ma fenêtre sale sont comparables aux larmes qui roulent et coulent sur mes joues et au final mes humeurs sont météorologiques puisque jamais elles ne durent mais toujours elles demeurent alors que faire à part inventer des parapluies lacrymaux des capuches à sentiments des sac plastique pour grands émotifs comme ceux qu’on propose dans les avions pour les fragiles du cœur je vois flou à présent et ma fenêtre est brumeuse qui est si malheureux là haut qui cache son chagrin dans les nuages c’est peut être pour cela qu’ils ressemblent tellement à du coton en réalité ce sont des mouchoirs géants pour soulager les peines du grand régisseur peu importe son nom et statut et je me rends compte que je n’essuie jamais mes larmes car elles ne vivent pas longtemps alors je leur laisse au moins l’opportunité d’exister quelques secondes se sentir vivantes sur le sillon de mes joues parcours de leur vie allée à sens unique elles se coincent dans l’aile de mon nez puis filent tout droit jusqu’au coin de ma bouche où elles meurent le plus souvent et bizarrement leur mort à un goût de sel et c’est agréable les plus fortes arrivent à se nicher dans le creux de mon cou et c’est ici qu’elles s’éteignent blotties dans la douceur particulière de cet espace arrondi et vierge où j’aime que des doigts se posent on m’a dit un jour qu’on se rend compte de la beauté de quelqu’un dès lors qu’on l’a vu pleurer et c’est surement vrai quelque part les larmes seraient alors du concentré d’âme si précieuses et c’est pour cela qu’elles ne vivent pas longtemps car le soi est pur et fragile et ne peut se confronter trop longtemps aux réalités du monde sans se laisser tuer le soi n’existe réellement que dans un spatio-temps indéfini qui ne se créer qu’au moment des pleurs et c’est cela ce sentiment de malaise de vérité et de fragilité en somme la beauté d’un être se laissant pénétrer par les yeux par l’âme toute entière je me rappelle avoir répondu et alors d’un ton interrogateur avec espoir et ce fut la question ineffable la plus sincère que je n’eus jamais prononcé ou du moins songé les yeux détournés des siens la peur au ventre le creux du monde au fond de mon cœur et on m’avait dit alors tu es belle tu es purement belle entièrement belle du cœur au corps de l’âme aux yeux une beauté totale qui subjugue et pourtant est ce que j’y crois moi à la beauté de mon âme est ce qu’elle m’empêche de placer mes doigts au fond de ma bouche au fond de mon cœur pour y chercher la véracité des dires la pureté la beauté d’un être en somme La bouche ne fait que respirer les battements de mon cœur car elle veut y voir l’intérieur et l’ouvrir pour en tirer l’essence et quand tu m’embrasses c’est pareil tu cherches l’essence et la beauté de l’âme tu m’aspires toute entière en toi pour m’apprendre me posséder un petit peu je ne suis plus moi et pourtant je le suis davantage car tu me fais vivre ressentir et c’est cela en somme l’essentiel alors embrasse moi encore s’il te plaît.

19.2.09

Somewhere there's a feather


Semer les mots au vent, et en perdre le sens.
Semer les mots au vent, et en perdre l'essence.

Jeter, de-ci, de-là, des particules de sons, des stupres de sentiment.

Qu'est-ce-qu'on récolte, à trop semer de soi ?

Le vide.

9.2.09

I don't like mondays



Debout, 7h26, un mal de bide insoutenable. Une clope, un café, comme chaque matin. Ce matin il pleut, et je sens encore le sommeil, la nuit, les étoiles. Les gouttes de pluie sont des perles translucides qui s'écrasent vulgairement sur les carreaux de mes fenêtres.
J'ouvre la fenêtre, et dans le silence du matin elle murmure un grincement glacial qui transperce la brume. Je porte un débardeur grisâtre et un pantalon de toile déchiré, et j'ai, résolument froid. Le vent sur ma peau, le souffle dans mes cheveux, la fraîcheur du petit jour sur mes lèvres, et l'aube d'une ère nouvelle devant mes yeux. Je ne sens déjà plus mes doigts qui portent désespérement ce mégot cancéreux à ma bouche. Je crache la fumée, agressive dès le matin. J'ai pris ma dose de cynisme quotidien. Je crache la fumée, et elle se perd dans le vent, mêlée aux nuées de l'aurore, à croire que je viens de rejeter toute la vapeur stagnante de la ville. Mon coeur est gris.
Il est lundi, et pourtant j'ai cette impression de fatigue, comme si j'avais vécu mille vies déjà. Il n'est que lundi, et comme tous les lundis je vais rater la première heure, puis la deuxième... puis le lundi. Et encore une fois. Il est lundi, toujours lundi, encore lundi... un lundi comme un autre. Comme les autres. Comme toujours.
Mes cheveux sont sales, j'ai l'oeil hagard et toujours ce mal de ventre au creux du coeur. Je n'ai pas envie pourtant, ce matin, de prendre une douche. Pas envie de me laver, de faire partir la crasse. Les monde est sale, et je suis à son image.
La faim ronge mon estomac, mon ventre, mon gouffre de sentiments. J'ai faim, mais je ne mangerai pas. Combien de temps puis-je résister ? Une semaine, un mois peut-être, jusqu'à atteindre l'état flou de l'ataraxie. J'ai faim, mais je ne mangerai pas. Je veux vivre dans cet état cotonneux que procure le manque. Le manque de tout, d'amour.
La boule de poil à mes pieds à faim, elle aussi. Elle pue la faim et le poil pas brossé. Mais je l'aime quand même, et je dois bien être la seule. La boule de poil hurle et martèle mes jambes de ses petites pattes. Je cède à la boule de poil, et verse dans un vieux cendrier rincé le fond de la bouteille de lait. Elle y trempe sa petite langue rosée, préférant le blanc pur du liquide à la douceur de ma jambe. Ingrate.
Le miroir, reflet des âmes en peine. C'est fou ce qu'un objet aussi superficiel peut en réalité être le détenteur de notre être le plus profond. Quand je regarde mes yeux, je ne vois pas la couleur, mais l'envie. Ma bouche n'est pas seulement rosée, elle est aussi désir. Le miroir me jette pourtant en pleine figure que j'ai l'air maladif, le teint blafard. Et qu'importe ? Puisqu'il est lundi. J'ai encore passé trop de nuits à rêver, perdue dans l'espace des illusions nocturnes. Et voilà ce qu'il en reste ce matin. Maudit miroir.
Il ne me reste plus qu'à aller me recoucher, suivant ainsi les ordres de ce dictateur de l'image, me disant que quitte à avoir les traits d'une rêveuse, autant y retourner. Et ce jusqu'à demain. Jusqu'à lundi prochain.

7.2.09

I wanna be your dog

"Je ne suis qu'un chien boiteux
essayant de sortir des mots de sa plume,
des maux de son cœur."

6.2.09

Misery is butterfly


Il venait de la voir. La fille. Cette fille, qui lui faisait tellement envie. Qui lui filait la rage au ventre, le creux au cœur. Il ne sentait plus rien au contact de ses yeux sur sa bouche, juste le voile de sa pupille, le satin de ses lèvres. Le vide. Il venait de la voir, il venait de la quitter. Encore une fois, une fois de trop. Et ce creux au ventre toujours présent, malgré l’absence.
Il était 12h02, cela faisait deux minutes qu’il sentait son ventre hurler. Toujours plus fort, empli du besoin de dire quelque chose. Quelque chose comme « je ne vois que tes yeux, je ne veux que ta bouche ». Quelque chose de kitsch, comme on en dit qu’au cinéma. Quelque chose qui pourrait changer le cours de sa vie a tout jamais. En attendant il était 12h04 et il rentrait chez lui, seul. Le ventre, cet organe de souffrance, se faisait entité. Toujours plus présent, toujours plus bruyant. Il marchait, lentement, rêvant à la fille qui lui retournait l’estomac. Il arrive enfin dans sa rue, encore quelques mètres avant d’ouvrir la porte de son immeuble, de son appartement, de sa chambre. Avant d’ouvrir ses draps, avant d’entrer dans son lit, de s'enfermer dans ce cocon de chaleur à tout jamais et d’oublier la fille, et l’estomac avec.
Mais avant d’atteindre ce paradis cotonneux, il lui fallait encore traverser toute sa rue, accompagné du creux dans le ventre. Il passe devant les boutiques, devant les vitrine, devant le superflus. Il s’arrête malgré tout dans un tabac, « un paquet de Marlboro » s’il vous plait. « Et un snickers ». C’est bien connu, le chocolat, ça apaise les maux de cœur. « Merci », il dit, et plus vite qu’il n’est rentré, il sort et reprend son chemin. Il allume une clope, il respire à nouveau. Il déchire le papier doré du snickers, il vit à nouveau. Oubliée la fille, la peur, l’envie, l’odeur. Oubliée le creux, oublié le ventre. L’estomac ne crie plus, il est muet. L’estomac est soulagé.
« Ah bah… ce n’était que la faim en fait », il dit. Il continue son chemin.

Old world underground, where are you now ?


Il est 23h15. Un homme sur un strapontin, station Ledru-Rollin. Il à le teint blafard, le regard dans le vide et l’air épuisé. Il attend le métro, comme les 17 autres personnes agglutinées sur le quai, tapant du pied, fermant les yeux. Il a sans doute passé la soirée à rêver à autre chose, à oublier sa journée, sa vie. Il a sans doute abusé de l’alcool, des filles, des drogues… de futilité. Il s’est sans doute perdu dans le paradis artificiel qu’était sa vie pendant ces quelques heures. Ce paradis éphémère où il n’était plus un homme, cet homme. Quelqu’un d’autre, seulement un autre que lui. Il a passé la soirée à dire bonjour, à saluer, à embrasser deux fois sur chaque joue des "Julie" et "Stéphanie" trop poudrées pour qu’on les respire. Des gens trop parfaits pour être réels. Avec une vie, un travail, une belle situation. Était-il le seul a admettre qu’il tentait d’oublier ? Était-il seulement le seul à s’en rendre compte ? Il a passé la soirée à rire, à complimenter, à socialiser. Mais parmi la foule, il savait qu’il était l’être le plus seul au monde. Le plus vide. Cette futilité ne lui permettait que de se cacher des autres, mais on ne peut se cacher à soi-même : le moi est trop sincère. A la fin de la soirée, il l’avait revu. Ce n’était pas une "Julie" ou "Stéphanie" trop poudrée. C’Était Elle, la fille qui l’avait abandonné, trois semaines auparavant. N’ayant pas pris le temps de s’accoutumer à sa nouvelle vie qu’elle avait perforé, il n’avait pas changé ses habitudes, ses amis ou du moins ses connaissances. Toujours les mêmes. Et elle était là, elle était forcément la, devant lui, esquissant un « salut » dans l’oreille, la musique étant trop forte. Cette rencontre marquait la fin de la soirée, la fin de l’amusement, la fin de l’oubli, du rêve. Il fallait s’en aller, car ça faisait trop mal. Il fallait revenir sur terre, en terre. En souterrain même. C’est sur ce strapontin que je suis le plus sincère, au beau milieu de ce temple du spleen. A attendre le métro, transport des malades du cœur.

27.1.09

Prayers for rain


"Sortir la merde que j’ai en moi et la vomir sur la feuille". Elle est trop pure, trop blanche encore inanimée par les vicissitudes d’une existence sociale parmi tant d’autres. "Vomir ma rage"… Je la vomis tous les jours dans le fond de mes toilettes, me prosternant devant ce trône comme s’il détenait le pouvoir divin. Adoubée par ma voix interne me rappelant qu’au nom du père, du fils et du saint esprit, je ne suis définitivement plus la même
"Me torturer". Le fruit de mes entrailles parlerait de lui-même et le va et vient de l’Ostie dans ma bouche trahirait le secret que je garde depuis si longtemps, trop longtemps peut être. Je dois ainsi faire de cette feuille trop blanche, trop pure, mon confessionnal, possédant comme seul jugement ecclésiastique le ciel intelligible de mon entendement.

J’ai parfois l’impression d’être vieille à l’intérieur, je ne peux imaginer mes entrailles trop usées et salies. Pourries. Je pense que je vais mourir, et j’en ai peur. C’est ce doute qui m’empoisonne : ne rien tenter, abandonner avant même le stade embryonnaire. C’est ainsi l’avortement de la plume de ma vie, régissant ma personne, faisant de moi jour après jour un être de plus en plus étranger. Mais qui suis-je au-delà de moi-même, quelles sont mes qualités, mes caractéristiques, mes valeurs, ma foi. Ne m’iventé-je pas un passé ? Un avenir ? Un présent peut-être.